Periclès

Grâce à l’élévation de son caractère,
A la profondeur de ses vues
A son désintéressement sans bornes,
Périclès exerçait sur Athènes
Un incontestable ascendant.
Il restait libre tout en dirigeant la multitude.
Ne devant son crédit qu’à des moyens honnêtes,
Il n’avait pas besoin de flatter les passions populaires.
En un mot, la démocratie subsistait de nom ; mais en réalité
C’était le gouvernement du premier citoyen.
Or, le peuple d’Athènes était diffamé pour avoir
Transporté les deniers comptants de toute la Grèce
Qui étaient en dépôt dans l’île de Délos.
Périclès au contraire remontrait aux Athéniens
Qu’ils n’étaient point tenus de rendre compte
De ces deniers à leurs alliers, attendus
Qu’ils combattaient pour eux, et qu’ils tenaient
Les Barbares loin de la Grèce.
Or celui qui lui conduisait tout et avait la superintendance
Sur toute la besogne, était Phidias, combien qu’il y eût
Plusieurs autres maîtres souverains et ouvriers très excellents
A chaque ouvrage ; car le temple de Pallas qui s’appelle Parthénon,
Comme qui dirait le temple de la vierge, et se surnomme Hécatompédon,
Parce qu’il a cent pieds en tous sens, fut édifié par Létinus et Callicratidas.
Il advint premièrement une pestilence si contagieuse et si violente,
Qu’elle emporta toute la fleur de la jeunesse, et affaiblit grandement
Les forces d’Athènes ; et puis les corps des survivants étant travaillés
De cette maladie, les cœurs aussi conséquemment s’en aigrirent si
Aprement à l’encontre de Périclès, que leur ayant le mal troublé
Le sens, ils se mutinèrent contre lui, comme font les patients
Contre leur médecin ou les enfants contre leur père.

Fait à Neuilly le 1er Fév. 2012

Fabrice Duniach

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